mercredi 22 décembre 2004

Un peu de poésie pour s'évader d'un monde trop brut

Pour s'évader un peu, voici trois lectures poétiques qui me touchent profondément.

Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Un petit bijou de précision et d'humanisme que je conseille à tous ceux qui aiment écrire, sur un blog ou ailleurs. Ou l'on découvrira aussi que le poète et écrivain préféré de Rilke est le danois Jens Peter Jacobsen, auteur de Mogens  et de Niels Lyne .
Quelques conseils et réflexions de Rilke:
- "Efforcez-vous d'aimer vos questions elles-mêmes."
- "L'usage des mots demande tant de prudence..."
- "Pour aborder les oeuvres d'art, rien n'est pire que la critique. L'amour seul peut les saisir, les garder, être juste envers elles."
- "Concentrez-vous sur tout ce qui se lève en vous."
Et enfin, bien sûr, sa célèbre interpellation, définitive, terrible : "Mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire?"

Les saisons bleues : L'oeuvre de Wang Wei, poète et peintre. On n'entre pas facilement, nous les Occidentaux, dans l'âme chinoise. Voici le livre qu'il faut, autour du plus grand artiste de la vieille Chine (701-761). Avec des commentaires historiques de Patrick Carré "traducteur, raconteur et poète à ses heures". Quand on sort de ce livre, dit-il, on perçoit un peu mieux la quintessence de l'imaginaire chinois: "une manière discrète et merveilleusement efficace de ruser avec l'indicible."

La vague pure s'apaise, et c'est le soir;
La lune blanchit, puis ne fait rien.
A ma rame solitaire, j'ai confié la nuit -
Tout hésitant, je n'aurais pu rentrer.

Les Vasistas de Jean Grosjean. Pas facile d'être poète aujourd'hui... En voici un, parmi des centaines d'autres, désolé pour eux! Celui-ci existe très fort. Il reste très présent en nous, longtemps, par son univers - la nature et la religion -, par ses mots simples et sa puissance d'évocation.

"L'air immobile d'après-midi. L'ombre immobile par terre. A peine si respirent les grandes herbes penchées. Une voix flûtée de merle par instant. L'insensible glissement de l'heure. L'errante odeur d'une bête pourrie. Et soudain la rumeur du vent dans les peupliers, la courbure des saules le long de l'eau, le charroi des nuages dans le ciel. Et aussi des trouées d'azur, mais elles s'en vont."

1 commentaire:

  1. Un livre dans lequel j'ai beaucoup appris de l'âme chinoise ( pour ne pas dire civilisation ), c'est "La propension des choses" de François Julien.

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