lundi 25 juin 2007

L’avenir est une porte entrouverte

L’avenir est une porte entrouverte et moi je ne sais comment pousser cette porte. L’entrouvrir, glisser la tête par l’entrebâillement, risquer un œil frileux et progressif, puis avancer pas à pas comme sur des œufs ? Ou bien au contraire, lui donner un grand coup de pied dans le ventre, franchir le seuil en vainqueur et, une fois dehors, lever les bras quoiqu’il arrive, même s’il n’y a personne, ni foule hurlante, ni caméras pressantes, rien que la route qui se déroule devant moi comme un ruban d’ancienne machine à écrire, comme la pellicule des projecteurs fumants dans les vieilles salles de cinéma.Tant pis, j’avancerai bêtement puisque me voilà.
Et, surtout, la grande question : est-ce que la façon dont on pousse la porte ne modifierait pas le paysage qu’elle cache ? Furtif, tu découvres une campagne impressionniste. Violent, tu débarques en pleine tempête océane. Est-ce que ce dehors de demain ne serait pas qu’un rêve qu’on bâtit au moment même où on change d’époque, de temps, de conjugaison, quand aujourd’hui devient hier et demain aujourd’hui. Quelle importance ? Même s’il se dessine au fur et à mesure, le futur est possible parce qu’il est obligatoire, il se prend à bras le corps et suivant la manière dont tu l’étreins il te rendra ta caresse ou ton coup de poing. Donc, un conseil, vas-y mollo, c’est moins risqué, t’auras tout le temps d’accélérer si c’est trop calme à ton goût, la brutalité est une connerie, un pis-aller, ouvre grand papilles et pupilles, délectes-toi de l’inconnu provisoire, de l’intérim, du clair-obscur régnant entre les deux mondes, emporte les parfums que tu aimes pour les répandre devant toi sur la route qui serpente.
Fais ton soleil, comme disait le poète, son seul conseil intelligent.
-- source photo --

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