L’avenir est une porte entrouverte et moi je ne sais comment pousser cette porte. L’entrouvrir, glisser la tête par l’entrebâillement, risquer un œil frileux et progressif, puis avancer pas à pas comme sur des œufs ? Ou bien au contraire, lui donner un grand coup de pied dans le ventre, franchir le seuil en vainqueur et, une fois dehors, lever les bras quoiqu’il arrive, même s’il n’y a personne, ni foule hurlante, ni caméras pressantes, rien que la route qui se déroule devant moi comme un ruban d’ancienne machine à écrire, comme la pellicule des projecteurs fumants dans les vieilles salles de cinéma.Tant pis, j’avancerai bêtement puisque me voilà. Et, surtout, la grande question : est-ce que la façon dont on pousse la porte ne modifierait pas le paysage qu’elle cache ? Furtif, tu découvres une campagne impressionniste. Violent, tu débarques en pleine tempête océane. Est-ce que ce dehors de demain ne serait pas qu’un rêve qu’on bâtit au moment même où on change d’époque, de temps, de