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Affichage des articles du novembre, 2013

Les 10 technologies stratégiques pour 2014, selon Gartner

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Le cabinet américain Gartner publie comme chaque année à cette époque son numéro d'équilibriste, pardon de prévisionniste, toujours très attendu, sur les "technologies stratégiques", c'est-à-dire celles qui auront un "impact significatif" sur l'entreprise dans les 3 prochaines années. Un "impact significatif" est celui qui crée une rupture sur l'IT et nécessite un gros investissement. Les 10 technos stratégiques 2014, en un coup d'oeil: Gestion de la diversité des mobiles Développement des Apps mobiles L'internet de tout objet (Internet of Everything) Cloud hybride et IT en tant que Service Broker Architecture cloud/client L'ère du cloud Personnel SDx = Software Defined Anything L'IT à l'échelle du web (Web-Scale IT) Smart machines Impression 3D

Votre smartphone envoie et reçoit 350 000 paquets d'information par jour , en liaison avec 350 serveurs dans le monde

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C'est le constat effrayant d'une enquête menée par la chaîne de télé Channel 4 News, aidée par un spécialiste de la sécurité, MWR InfoSecurity. Après avoir créé un personnage fictif, Rebecca Taylor, doté d'un smartphone et d'un ordinateur et actif sur les réseaux sociaux, ils ont tracé tous les mouvements du smartphone, grâce à une black box. Le plus effrayant c'est que même quand le smartphone est en veille, il émet à tire larigot: 30 000 envois d'infos à 70 serveurs !

Tendances société et tendances du numérique

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Si on se tourne du côté des sociologues et qu'on leur demande leur vision de la société de demain, on a l'impression que le numérique sera omniprésent dans ses évolutions. Voici deux analyse récentes que l'on peut rapprocher. 1/ Tendances société 2015 et plus: on veut une société "smart", interactive, emphatique et donnant du sens à notre vie (voir image ci-contre) source 2/ Tendances du numérique , un article publié par Forbes : on veut une société qui nous facilite la vie perso comme pro, avec quelques points clés:

Le cours de bourse affiché en temps réel à chaque citation d'entreprise

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 C'est la nouvelle mode dans les contenus web: chaque fois que vous citez une entreprise, son cours de bourse s'affiche en note juste à côté d'elle !  Et la note renvoie aussi bien sûr aux dernières news et vidéos. Plus moyen d'être tranquille

Vidéo / Test: nouvelles fonctions de la recherche vocale Google sur Android

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J'ai testé pour vous les nouvelles fonctions de recherche vocale Google, sur un smartphone Android (Nexus 5). Résultats étonnants, avec en prime une petite surprise, à la fin...

Rilke (Rainer Maria): L'amour qui lie un être humain à un autre

L'amour qui lie un être humain à un autre : c'est là peut-être ce qui nous fut imposé de plus difficile, la tâche suprême, l'épreuve finale, le travail dont tout autre travail n'est qu'une préparation. C'est pour quoi les jeunes gens ne peuvent aimer, eux, les débutants en toute chose: ils doivent l'apprendre. De tout leur être, de toutes leurs forces, rassemblés autour de leur coeur solitaire, angoissé, et qui bat d'une haute attente, ils doivent apprendre à aimer. Mais un apprentissage est toujours une longue période close; ainsi l'amour, pour celui qui aime, demeure longtemps et jusque bien avant dans la vie, une solitude, un esseulement plus intense et plus profond. Aimer, ce n'est rien tout d'abord de ce qui s'appelle s'épanouir, s'abandonner et s'unir à un autre être (que serait donc une union du confus et de l'inachevé - et dépendant encore ?). C'est pour l'individu une noble invite à mûrir, à devenir quelqu

Cendrars (Blaise) : Trouées

Échappées sur la mer Chutes d’eau Arbres chevelus moussus Lourdes feuilles caoutchoutées luisantes Un vernis de soleil Une chaleur bien astiquée Reluisance Je n’écoute plus la conversation animée de mes amis qui se partagent les nouvelles que j’ai apportées de Paris Des deux côtés du train toute proche ou alors de l’autre côté de la vallée lointaine La forêt est là et me regarde et m’inquiète et m’attire comme le masque d’une momie Je regarde Pas l’ombre d’un œil Feuilles de route" - Au Sans Pareil, 1924.

Cendrars (Blaise) : La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France

Dédiée aux musiciens En ce temps-là, j'étais en mon adolescence J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance J'étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance J'étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours Car mon adolescence était si ardente et si folle Que mon cœur tour à tour brûlait comme le temple d'Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche. Et mes yeux éclairaient des voies anciennes. Et j'étais déjà si mauvais poète Que je ne savais pas aller jusqu'au bout. Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare croustillé d'or, Avec les grandes amandes des cathédrales, toutes blanches Et l'or mielleux des cloches... Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode J'avais soif Et je déchiffrais des caractères cunéiformes Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s'envolaient sur la place

Rilke, Rainer Maria

Les oeuvres d'art sont d'une solitude infinie et rien moins que la critique permet d'y accéder. L'amour est seul à pouvoir les saisir, les garder et à se montrer juste envers elles. Rainer Maria Rilke. Lettres à un jeune poète. 1929

Esope

Le renard et le masque. Un renard s'étant glissé dans la maison d'un actuer, fouilla successivement toutes ses hardes, et trouvant entre autres objets, une tête de masque artistement travaillée. Il la prit dans ses pattes et dit: "Oh! quelle tête! mais elle n'a pas de cervelle?"

Whitman (Walt) : One’s-Self I Sing / Je chante le soi-même (traduction Jules Laforgue)

One's-Self I sing, a simple, separate person; Yet utter the word Democratic, the word En-masse. Of physiology from top to toe I sing; Not physiognomy alone, nor brain alone, is worthy for the Muse. I say the Form complete is worthier far; The Female equally with the male I sing. Of Life immense in passion, pulse, and power, Cheerful for freest action form’d, under the laws divine, The Modern Man I sing. Je chante le soi-même, une simple personne séparée; Pourtant je prononce le mot démocratique, le mot En Masse. C’est de la physiologie du haut en bas, que je chante; La physionomie seule, le cerveau seul, ce n’est pas digne de la Muse. Je dis que l’Ëtre complet en est bien plus digne; C’est le féminin à l’égal du mâle que je chante. C’est la vie, incommensurable en passion, ressort et puissance, Pleine de joie, mise en oeuvre par des lois divines pour la plus libre action, C’est l’Homme Moderne que je chante. 1867. Walt Whitman (1819–1892). Leaves of Grass. 1900. Feuilles d’herb

Garcia Lorca (Federico) : Vuelta del paseo / Retour de promenade

Asesinado por el cielo. Entre las formas que van hacia la sierpe y las formas que buscan el cristal, dejaré crecer mis cabellos. Con el árbol de muñones que no canta y el niño con el blanco rostro de huevo. Con los animalitos de cabeza rota y el agua harapienta de los pies secos. Con todo lo que tiene cansancio sordomudo y mariposa ahogada en el tintero. Tropezando con mi rostro distinto cada día. ¡Asesinado por el cielo! Assassiné par le ciel, entre les formes qui vont vers le serpent et les formes qui cherchent le cristal, je laisserai mes cheveux pousser. Avec l’arbre à moignons qui ne chante pas et l’enfant au blanc visage d’oeuf. Avec les bestioles à la tête brisée et l’eau haillonneuse aux pieds secs. Avec tout ce qui est fatigue sourde-muette et papillon noyé dans l’encrier. Me heurtant à mon visage différent de chaque jour. Assassiné par le ciel ! Ecrit en 1929 et paru en 1930 paru dans le recueil Poeta en Nueva York, sous le Chapitre "Poemas de la soledad en la Universida

Garcia Lorca (Federico) : Oda a Salvador Dali / Ode à Salvador Dali (traduction Paul Eluard)

Una rosa en el alto jardín que tú deseas. Una rueda en la pura sintaxis del acero. Desnuda la montaña de niebla impresionista. Los grises oteando sus balaustradas últimas. Los pintores modernos en sus blancos estudios, cortan la flor aséptica de la raíz cuadrada. En las aguas del Sena un ice-berg de mármol enfría las ventanas y disipa las yedras. El hombre pisa fuerte las calles enlosadas. Los cristales esquivan la magia del reflejo. El Gobierno ha cerrado las tiendas de perfume. La máquina eterniza sus compases binarios. Una ausencia de bosques, biombos y entrecejos yerra por los tejados de las casas antiguas. El aire pulimenta su prisma sobre el mar y el horizonte sube como un gran acueducto. Marineros que ignoran el vino y la penumbra, decapitan sirenas en los mares de plomo. La Noche, negra estatua de la prudencia, tiene el espejo redondo de la luna en su mano. Un deseo de formas y límites nos gana. Viene el hombre que mira con el metro amarillo. Venus es una blanca naturaleza muer

Char (René) : Afin qu'il n'y soit rien changé

1 Tiens mes mains intendantes, gravis l'échelle noire, ô Dévouée; la volupté des graines fume, les villes sont fer et causerie lointaine. 2 Notre désir retint à la mer sa robe chaude avant de nager sur son coeur. 3. Dans la luzerne de ta voix tournois d'oiseaux chassent soucis de sécheresse. 4. Quand deviendront guides les sables balafrés issus des lents charrois de la terre, le calme approchera de notre espace clos. 5. La quantité de fragments me déchire. Et debout se tient la torture. 6. Le ciel n'est plus aussi jaune, le soleil aussi bleu. L'étoile furtive de la pluie s'annonce. Frère, silex fidèle, ton joug s'est fendu. L'entente a jailli de tes épaules. 7. Beauté, je me porte à ta rencontre dans la solitude du froid. Ta lampe est rose, le vent brille. Le seuil du soir se creuse. 8 J'ai, captif, épousé, le ralenti du lierre à l'assaut de la pierre de l'éternité. 9. "Je t'aime", répète le vent à tout ce qu'il fait vivre. Je t

Garcia Lorca, Federico

Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie c’est le mystère de toutes les choses. Federico Garcia Lorca

Char (René) : À ***

Tu es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme un volet de buis, Une extrême chance compacte Est notre chaîne de montagnes, Notre comprimante splendeur. Je dis chance, ô ma martelée ; Chacun de nous peut recevoir La part de mystère de l'autre Sans en répandre le secret ; Et la douleur qui vient d'ailleurs Trouve enfin sa séparation Dans la chair de notre unité, Trouve enfin sa route solaire Au centre de notre nuée Qu'elle déchire et recommence. Je dis chance comme je le sens. Tu as élevé le sommet Que devra franchir mon attente Quand demain disparaîtra. Recherche de la base et du sommet. IV. A une sérénité crispée. 1952

Kesey (Ken) : La Wakonda Auga

Dévalant le versant ouest de la chaîne côtière de l'Oregon… viens voir les cascades hystériques des affluents qui se mêlent aux eaux de la Wakonda Auga. Les premiers ruisselets caracolent comme d'épais courants d'air parmi la petite oseille et le trèfle, les fougères et les orties, bifurquent, se scindent… forment des bras. Puis, à travers les busseroles et les ronces élégantes, les myrtilles et les mûres, les bras cascadent pour fusionner en ruisseaux, en torrents. Enfin, au pied des collines, émergeant entre les mélèzes laricins et les pins à sucre, les acacias et les épicéas - et puis la mosaïque vert et bleu des pains de Douglas -, la rivière en personne franchit d'un bond cent cinquante mètres et là, regarde: voici qu'elle prend ses aises à travers champs. Ken Kesey. Et quelquefois j'ai comme une grande idée. 1964. 

Rilke (Rainer Maria) : Par les antiques aqueducs

Par les antiques aqueducs, des eaux vives infiniment arrivent dans la grande cité, dansent sur des places nombreuses au-dessus des blanches vasques de pierre et s'épanchent en de larges et profonds bassins, murmurantes au long du jour, puis haussant avec la nuit leur murmure, la nuit d'ici qui est vaste et pleine d'étoiles et tout adoucie de brises. Et il y a ici des jardins, des allées et des escaliers inoubliables, des escaliers conçus par Michel-Ange, des escaliers disposés à l'image des eaux glissant au long d'une pente et qui font naître, en leur ample chute, une marche d'une autre marche, comme la vague naît de la vague. Lettres à un jeune poète. p. 65, à propos de Rome.

Hölderlin (Friedrich) : Das Hälfte des Lebens / La moitié de la vie

Mit gelben Birnen hänget Und voll mit wilden Rosen Das Land in den See, Ihr holden Schwäne, Und trunken von Küssen Tunkt ihr das Haupt Ins heilignüchterne Wasser. Weh mir, wo nehm’ ich, wenn Es Winter ist, die Blumen, und wo Den Sonnenschein, Und Schatten der Erde? Die Mauern stehn Sprachlos und kalt, im Winde Klirren die Fahnen. Avec des poires jaunes, Et pleine de roses sauvages La terre est penchée sur le lac, Et vous, cygnes charmants, Ivres de baisers, Vous trempez votre tête Dans l’eau sobre et sacrée. Malheureux, où irai-je prendre, Quand vient l’hiver, les fleurs, où Le rayon du soleil, Et l’ombre de la terre ? Les murs se tiennent là Muets et froids, dans le vent Claquent les drapeaux. Jahr 1804; in Friedrich Wilmans Taschenbuch für das Jahr 1805.

Li Bai : Pensée dans une nuit tranquille

Devant mon lit, la lune jette une clarté très vive ; Je doute un moment si ce n’est point la gelée blanche qui brille sur le sol. Je lève la tête, je contemple la lune brillante ; Je baisse la tête et je pense à mon pays. Li Bai, ou Li-taï-pé (701-762), poète chinois de la dynastie des Tang

Rûmî (Djalāl ad-Dīn Muḥammad ) : le repentir plus fort que la prière

Muawiya, l'oncle de tous les fidèles, était dans son palais en train de dormir. Son palais était clos et les portes verrouillées. Il était impossible qu'un étranger puisse y pénétrer. Cependant quelqu'un toucha Muawiya pour le réveiller. Quand il ouvrit les yeux, il ne vit personne et se dit : «Il est impossible de pénétrer dans mon palais. Qui a pu faire cela ?» Après de longues recherches, il trouva quelqu'un qui se dissimulait derrière une tenture. Il lui dit : «Qui est-tu et comment te nomme-t-on? — Le peuple m'appelle Satan ! — Et pourquoi m'as-tu réveillé ? — Parce que c'est l'heure de la prière et qu'il faut que tu te rendes à la mosquée. N'oublie pas que le Prophète a dit que la prière ne devait souffrir aucun retard.» Muawiya lui dit : «C'est étrange que tu invoques cette raison car jamais rien de bon n'est venu de toi ! C'est comme si un voleur venait en prétendant vouloir monter la garde ! — Autrefois, répliqua Satan, j'

Bobin (Christian) : Les arbres du jardin

Les arbres du jardin. La douceur qui gouverne chaque feuille. Le livre sur le lit. Les fruits sur la table, atteints par une légère touche d’or. Les choses n’ont plus d’épaisseur. Tout est simplifié dans cette blanche lumière de l’abandon. Aucun objet n’échappe à la maladresse générale. Une attente. Une attente infinie dont s’égareraient l’objet, puis le sens. On ne saurait plus qui ou quoi est attendu. ... L’odeur de l’herbe fraîchement coupée. La nudité du mot absence. Cette musique préférée de vous : des chants grégoriens, comme au bord de la mer, très proche de mourir. Cet art accompli du souffle et du silence... L'Enchantement simple.

Les trois sagesses chinoises remises dans l'ordre

A l'heure où les discours de management et de marketing mélangent allégrement confucianisme, taoïsme et bouddhisme, voici un petit tableau résumé de leurs caractéristiques. CONFUCIANISME - vie sociale - responsabilité politique - attitude envers les autres - hiérarchie et régulation - éducation , pour fonder son action et son jugement sur la raison - rectitude : l'acte juste au moment opportun, sans autre considération que la justice - loyauté : lié à la hiérarchie; inférieurs fidèles à leur supérieur qui leur doit protection - poésie et arts, pour apaiser le coeur - politique : art du savoir-vivre en bonne entente entre êtres humains BOUDDHISME - vie spirituelle - responsabilité individuelle - attitude envers la mort et le destin - souffrance et sa diminution - communauté et réseau d'entraide mutuelle entre les laïcs et les moines - sérénité : progression vers la libération des souffrances - douceur : non-vilolence qui doit réguler les

Lao-Tseu : Dao De Jing (extraits)

Trente rayons se joignent en un moyeu unique Ce vide dans le char en permet l’usage D’une motte de glaise on façonne un vase Ce vide dans le vase en permet l’usage On ménage des portes et des fenêtres pour une pièce Ce vide dans la pièce en permet l’usage L’avoir fait l’avantage Et le non-avoir l’usage. …. Le fonctionnement des choses vit suivant un principe unitaire. Cette unité primordiale vit selon un rythme binaire. Cette dualité musicale vit grâce aux souffles médians. Cette triplicité globale vit dans l'innombrable totalité des êtres. ... Dao De Jing. Classique de la voie et de la vertu. Chine. attribué à Laozi (Lao-Tseu), 6e siècle av-JC, mais qui n'a probablement pas existé.

Fan-Zhen : le corps est la matière de l'esprit

Le corps est la matière de l’esprit ; l’esprit est la fonction du corps. Ce ne saurait être deux choses différentes, plutôt deux noms distincts pour la seule et même entité. L’esprit est à la matière ce que le tranchant est au couteau ; le corps est à la fonction ce que le couteau est au tranchant. Le terme “tranchant” ne désigne pas le couteau ; le terme “couteau” ne désigne pas le tranchant. Et pourtant, ôtez le tranchant, il n’y a plus de couteau ; ôtez le couteau, il n’y a plus de tranchant. Or, on n’a jamais entendu dire que le tranchant subsiste après la disparition du couteau, alors comment l’esprit pourrait-il subsister quand le corps a disparu? Fan Zhen (450-515), lettré confucéen, De la destructibilité de l’esprit (Shen mie lun), cité par Anne Cheng, op. cit., p. 358. cité par Cyrille J-D. Savary les trois sagesses chinoises

Aragon (Louis) : L' Affiche rouge

Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servi simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adie

Eluard (Paul) : La Parole

J’ai la beauté facile et c’est heureux. Je glisse sur les toits des vents Je glisse sur le toit des mers Je suis devenue sentimentale Je ne connais plus le conducteur Je ne bouge plus soie sur les glaces Je suis malade fleurs et cailloux J’aime le plus chinois aux nues J’aime la plus nue aux écarts d’oiseau Je suis vieille mais ici je suis belle Et l’ombre qui descend des fenêtres profondes Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux. Capitale de la douleur, 1923

Neruda (Pablo) : La canción desesperada / Une chanson désespérée

Emerge tu recuerdo de la noche en que estoy. El río anuda al mar su lamento obstinado. Abandonado como los muelles en el alba. Es la hora de partir, oh abandonado! Sobre mi corazón llueven frías corolas. Oh sentina de escombros, feroz cueva de náufragos! En ti se acumularon las guerras y los vuelos. De ti alzaron las alas los pájaros del canto. Todo te lo tragaste, como la lejanía. Como el mar, como el tiempo. Todo en ti fue naufragio! Era la alegre hora del asalto y el beso. La hora del estupor que ardía como un faro. Ansiedad de piloto, furia de buzo ciego, turbia embriaguez de amor, todo en ti fue naufragio! En la infancia de niebla mi alma alada y herida. Descubridor perdido, todo en ti fue naufragio! Te ceñiste al dolor, te agarraste al deseo. Te tumbó la tristeza, todo en ti fue naufragio! Hice retroceder la muralla de sombra, anduve más allá del deseo y del acto. Oh carne, carne mía, mujer que amé y perdí, a ti en esta hora húmeda, evoco y hago canto. Como un vaso albergaste la

Puebla (Carlos) : Hasta Siempre / Avec toi pour toujours

Aprendimos a quererte Desde la histórica altura Donde el sol de tu bravura Le puso un cerco a la muerte Refrain Aqui se queda la clara La entrañable transparencia De tu querida presencia Comandante Che Guevara Tu mano gloriosa y fuerte Sobre la historia dispara Cuando todo Santa Clara Se despierta para verte Vienes quemando la brisa Com soles de Primavera Para plantar la bandera Com la luz de tu sonrisa Tu amor revolucionario Te conduce a nueva empresa Donde esperan la firmeza De tu brazo libertario Seguiremos adelante Como junto a ti seguimos Y con Fidel te decimos: Hasta siempre, Comandante Nous avons appris à t'aimer Depuis les hauteurs historiques Où le soleil de ta bravoure A couronné la mort Refrain Ici, il reste la claire,  La tendre transparence De ta présence bien aimée  Commandant Che Guevera Ta main glorieuse et forte Fait feu sur l'Histoire Quand tout Santa Clara Se réveille pour te voir Tu arrives en embrassant la brise Avec des soleils printaniers Pour planter la

Brives (Martial de) : Les soupirs d'une âme exilée

Je vis, mais c'est hors de moi-même ; Je vis, mais c'est sans vivre en moi ; Je vis dans l'objet de ma foi Que je ne vois pas et que j'aime ; Triste nuit des longs embarras Où mon âme est enveloppée, Si tu n'es bientôt dissipée, Je me meurs de ne mourir pas. Le poète religieux et capucin français Martial de Brives (1600-1653). Sur ces paroles de Saint Paul : Cupio dissolvi et esse cum Christo

Blake, William

Think in the morning, Act in the noon, Eat in the evening, Sleep in the night. William Blake. The Marriage of Heaven and Hell.

Char (René) : Post-scriptum

Évadez-vous de moi qui patiente sans bouche; A vos pieds je suis né, mais vous m'avez perdu; Mes feux ont trop précisé leur royaume; Mon trésor a coulé contre votre billot. Le désert comme asile au seul tison suave Jamais ne m'a nommé, jamais ne m'a rendu. Écartez-vous de moi qui patiente sans bouche : Le trèfle de la passion est de fer dans ma main. Dans la stupeur de l'air où s'ouvrent mes allées, Le temps émondera peu à peu mon visage, Comme un cheval sans fin dans un labour aigri. Fureur et mystère. Seuls demeurent. 1938-1944. C'est l'un des poèmes de René Char mis en musique (choral) par Pierre Boulez.

Char (René) : Dehors la nuit est gouvernée

Peuple de roseaux bruns lèvres de pauvreté dentelles haletantes au levant de son sillage gravi entée en flamme Je baise l'emplacement de sa chair fondée Derrière la vitre toutes les fièvres écrasées bourdonnent se raffinent Lauréat des yeux transportés Jusqu'au torrent pour la lécher au fond de sa faille Secoue-toi infirme vent de portefaix Tu pèses nuisible sur le commerces des grades Son encolure n'a pas renoncé au feuillage de la lampe Les liens cèdent L'île de son ventre marche de passion et de couleurs s'en va La hampe du coquelicot révolte et fleur meurt dans la grâce Tout calme est une plainte une fin une joie Monstre qui projetez votre humus tiède dans le printemps de sa ville Ventouse renversée au flanc de l'agrément du ciel Souffrez que nous soyons vos pèlerins extrêmes Semeurs ensevelis dans le labyrinthe de votre pied. Dehors la  nuit est gouvernée. 1937-1938

Char (René) : Mon amour est triste

Mon amour est triste Parce qu'il est fidèle Il n'interpelle pas l'oubli des autres Il ne tombe pas de la bouche comme un journal de la poche Il n'est pas liant parmi l'angoisse qui tourbillonne en commun Il ne s'isole pas sur les brisants de la presqu'île pour simuler le pessimisme Mon amour est triste Parce qu'il est dans la nature troublée de l'amour d'être triste Comme la lumière est triste Le bonheur triste Tu nous as passé liberté tes courroies de sable. Quatre âges. IV. Placard pour un chemin des écoliers. 1936-1937

Rilke (Rainer Maria) : Qui nous dit que tout disparaisse?

Qui nous dit que tout disparaisse? de l'Oiseau que tu blesses, qui sait, s'il ne reste le vol, et peut-être les fleurs des caresses survivent à nous, à leur sol. Ce n'est pas le geste qui dure mais il vous revêt de l'armure d'or - des seins jusqu'aux genoux -, et tant la bataille fut pure qu'un Ange la porte après vous. Poèmes français (écrits en français) 1919

Rilke (Rainer Maria) : Mein Leben is nicht diese steile Stunde. Ma vie n'est pas cette heure abrupte

Mein Leben ist nicht diese steile Stunde, darin du mich so eilen siehst. Ich bin ein Baum vor meinem Hintergrunde, ich bin nur einer meiner vielen Munde und jener, welcher sich am frühsten schließt. Ich bin die Ruhe zwischen zweien Tönen, die sich nur schlecht aneinander gewöhnen: denn der Ton Tod will sich erhöhn— Aber im dunklen Intervall versöhnen sich beide zitternd. Und das Lied bleibt schön. Ma vie n’est pas cette heure abrupte vers quoi tu me vois me hâter. Je suis un arbre devant mon décor, je ne suis que l’une de mes nombreuses bouches, et celle qui se clôt la première. Je suis la pause entre deux notes qui s’harmonisent mal : la note de la mort veut monter à l’aigu. Mais dans la nuit de l’intervalle elles s'accordent toutes deux frémissantes. Et le chant reste beau. Das Stundenbuch, Le Livre d'heures (1899)

Rilke (Rainer Maria) : Lettre à un jeune Poète (préface)

Une seule chose est nécessaire: la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir. Être seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elles font. S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être près des choses: elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays. Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'événements auxquels vous pouvez prendre part. Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien

Purana (Markandaya) : Mon enfant tu n'as ni nom ni forme

Madasela, parlant à son nouveau-né: - Mon enfant, tu n'as ni nom ni forme. Et c'est pure fantaisie que de t'avoir donné un nom. Ton corps que voilà, formé des cinq éléments, n'est en vérité pas tien, et tu ne lui appartiens pas… Pourquoi pleures-tu? Mais peut-être ne pleures-tu pas, et ce qui sort de toi n'est q'un bruit sans signification, fils de Roi. Dans ton corps résiste un autre toi. Donc, repoussons la pensée: "Cet enfant est à moi", car elle n'appartient qu'à la chair. Honte à ceux qui se laissent abuser ainsi! Tiré de La Voix des Choses, textes recueillis par Marguerite Yourcenar, citant A. Coomarasani.

Les Quatre Voeux bouddhiques

Si nombreux que soient mes défauts, Je m'efforcerai d'en triompher. Si difficile que soit l'étude, je m'appliquerai à l'étude. Si ardu que soit le chemin de la Perfection, je ferai de mon mieux pour y avancer. Si innombrables que soient les créatures errantes dans l'étendue des trois mondes, je travaillerai à les sauver. Les Quatre Voeux bouddhiques. Tiré de La Voix des Choses, textes recueillis par Marguerite Yourcenar.

Tableaux utiles pour illustrer votre discours (mise à jour technique)

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Ma petite rubrique de tableaux célèbres ou pas que vous pouvez utiliser dans vos présentations pour illustrer votre discours a été mise à jour avec une fonction recherche (la petite loupe) pour y entrer des mots-clés correspondants aux sujets que vous voulez illustrer. L'album autrefois géré par l'application JAlbum et hébergé sur un serveur web Livehost (gratuit) est désormais sur Google Photos. Tableaux utilises pour votre discours

Char (René) : Commune présence (partie II)

Tu es pressé d’écrire Comme si tu étais en retard sur la vie S’il en est ainsi fais cortège à tes sources Hâte-toi Hâte toi de transmettre Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance Effectivement tu es en retard sur la vie La vie inexprimable La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés Au bout de combats sans merci Hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière Si tu rencontres la mort durant ton labeur Reçois-là comme la nuque trouve bon le mouchoir aride En t'inclinant Si tu veux rire Offre sa soumission Jamais tes armes Tu as été créé pour des moments peu communs Modifie-toi disparais sans regret Au gré de la rigueur suave Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit Sans interruption Sans égarement Essaime la poussière Nul ne décelera votre union. Commune présence (Marteau sans m

Char (René) : J'habite une douleur

Ne laisse pas le soin de gouverner ton cœur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'œil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau ; tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit. D'autres chanteront l'incorporation mélodieuse, les chairs qui ne personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude qui se répète. Plus tard, on t'identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur de l'impossible. Pourtant. Tu n'as fait qu'augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au centre d'une entente qui s'affole. Songe à la maison parfaite que tu ne verras jamais monter. À quand la récolte de l'abîme ? Mai

Céline (Louis-Ferdinand ) : Voyage au bout de la nuit (préface et extrait)

Préface Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C’est un roman, rien qu’une histoire active. Littré le dit, qui ne se trompe jamais. Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C’est de l’autre côté de la vie. Extrait Nous longions les berges vers Saint-Cloud, voilées du halo dansant des brumes qui montent de l’automne. Près du pont, quelques péniches touchaient du nez les arches, durement enfoncées dans l’eau par le charbon jusqu’au plat- bord. L’immense éventail de verdure du parc se déploie au-dessus des grilles. Ces arbres ont la douce ampleur et la force des grands rêves. Seulement des arbres, je m’en méfiais aussi depuis que j’étais passé par leurs embuscades. Un mort derrière chaque arbre. La grande allée montait entre deux rangées ro

Breton (André) : L'Union libre

Ma femme à la chevelure de feu de bois Aux pensées d'éclairs de chaleur A la taille de sablier Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de dernière grandeur Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche A la langue d'ambre et de verre frottés Ma femme à la langue d'hostie poignardée A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux A la langue de pierre incroyable Ma femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfant Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre Et de buée aux vitres Ma femme aux épaules de champagne Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace Ma femme aux poignets d'allumettes Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur Aux doigts de foin coupé Ma femme aux aisselles de martre et de fênes De nuit de la Saint-Jean De troène et de nid de scalares Aux bras d'écume de mer et d'écluse Et de mé

Chant de messe : Trouver dans ma vie ta présence

Refrain Trouver dans ma vie ta présence Tenir une lampe allumée. Choisir avec toi la confiance, Aimer et se savoir aimé. Couplets 1 - Croiser ton regard dans le doute, Brûler à l'écho de ta voix. Rester pour le pain de la route, Savoir reconnaître ton pas. 2 - Brûler quand le feu devient cendre, Partir vers celui qui attend. Choisir de donner sans reprendre, Fêter le retour d'un enfant. 3 - Ouvrir quand tu frappes à ma porte, Briser les verrous de la peur. Savoir tout ce que tu m'apportes, Rester et devenir veilleur.

Char (René) : Allégeance

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima? Il cherche son pareil dans le vœu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part. Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse. Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas? Extrait de « Eloge d'une soupçonnée », Poésie/Gallimard

Goethe (Johann Wolfgang von) : Der Erlkönig (Le Roi des Aulnes)

Wer reitet so spät durch Nacht und Wind? Es ist der Vater mit seinem Kind; Er hat den Knaben wohl in dem Arm, Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm. Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht? - Siehst, Vater, du den Erlkönig nicht? Den Erlenkönig mit Kron und Schweif? - Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. – "Du liebes Kind, komm, geh mit mir! Gar schöne Spiele spiel ich mit dir; Manch bunte Blumen sind an dem Strand, Meine Mutter hat manch gülden Gewand." Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht, Was Erlenkönig mir leise verspricht? -Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind; In dürren Blättern säuselt der Wind. - "Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn? Meine Töchter sollen dich warten schön; Meine Töchter führen den nächtlichen Reihn, Und wiegen und tanzen und singen dich ein." Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort Erlkönigs Töchter am düstern Ort? - Mein Sohn, mein Sohn, ich seh es genau: Es scheinen die alten Weiden so grau. - "Ich liebe dich, mich

Fargue (Léon-Paul) : Nocturne

Un long bras timbré d'or glisse du haut des arbres Et commence à descendre et tinte dans les branches. Les feuilles et les fleurs se pressent et s'entendent. J'ai vu l'orvet glisser dans la douceur du soir. Diane sur l'étang se penche et met son masque. Un soulier de satin court dans la clairière Comme un rappel de ciel qui rejoint l'horizon. Les barques de la nuit sont prêtes à partir. D'autres viendront s'asseoir sur la chaise de fer. D'autres verront cela quand je ne serai plus. La lumière oubliera ceux qui l'ont tant aimée. Nul appel ne viendra rallumer nos visages. Nul sanglot ne fera retentir notre amour. Nos fenêtres seront éteintes. Un couple d'étrangers longera la rue grise. Les voix, D'autres voix chanteront, d'autres yeux pleureront Dans une maison neuve. Tout sera consommé, tout sera pardonné, La peine sera fraîche et la forêt nouvelle, Et peut-être qu'un jour, pour de nouveaux amis, Dieu tiendra ce bonheur qu'il n

Supervielle (Jules) : Nocturne en plein jour

Quand dorment les soleils sous nos humbles manteaux Dans l’univers obscur qui forme notre corps, Les nerfs qui voient en nous ce que nos yeux ignorent Nous précèdent au fond de notre chair plus lente, Ils peuplent nos lointains de leurs herbes luisantes Arrachant à la chair de tremblantes aurores. C’est le monde où l’espace est fait de notre sang. Des oiseaux teints de rouge et toujours renaissants Ont du mal à voler près du coeur qui les mène Et ne peuvent s’en éloigner qu’en périssant Car c’est en nous que sont les plus cruelles plaines Où l’on périt de soif près de fausses fontaines. Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes, Les uns parlant parfois à l’oreille des autres (La Fable du monde - 1938)

Thuan (Trinh Xuan ) : Voir loin, c'est voir tôt

La lumière de la Lune nous parvient après un peu plus d’une seconde, celle du Soleil après huit minutes, celle de la plus proche étoile après quatre années, celle de la plus proche galaxie semblable à la Voie lactée (Andromède) après près de deux millions d’années (en d’autres termes, la lumière est partie d’Andromède à peu près au moment où le premier homme marchait sur terre, quelque part en Afrique), celle de l’amas de galaxie le plus proche après cinquante millions d’années. Préface à « Notre existence a-t-elle un sens ? » de Jean Staune; auteur de La Mélodie secrète

Shakespeare (William) : Roméo et Juliette

Prince Rebellious subjects, enemies to peace, Profaners of this neighbour-stained steel,-- Will they not hear? What, ho! you men, you beasts, That quench the fire of your pernicious rage With purple fountains issuing from your veins, On pain of torture, from those bloody hands Throw your mistemper'd weapons to the ground, And hear the sentence of your moved prince. Three civil brawls, bred of an airy word, By thee, old Capulet, and Montague, Have thrice disturb'd the quiet of our streets, And made Verona's ancient citizens Cast by their grave beseeming ornaments, To wield old partisans, in hands as old, Canker'd with peace, to part your canker'd hate: If ever you disturb our streets again, Your lives shall pay the forfeit of the peace. For this time, all the rest depart away: You Capulet; shall go along with me: And, Montague, come you this afternoon, To know our further pleasure in this case, To old Free-town, our common judgment-place. Once more, on pain of death,

Supervielle (Jules) : L'allée

- Ne touchez pas l'épaule Du cavalier qui passe, Il se retournerait Et ce serait la nuit, Une nuit sans étoiles, Sans courbe ni nuages. - Alors que deviendrait Tout ce qui fait le ciel, La lune et son passage, Et le bruit du soleil? - Il vous faudrait attendre Qu'un second cavalier Aussi puissant que l'autre Consentît à passer. (Montevideo, Uruguay 1884 - Paris 1960) 

Supervielle (Jules) : L’Arbre

Il y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments, C'est devenu du bois. Il y avait une grande politesse de paroles, C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage. Il y avait de jolis habits autour d'un cœur d'amoureuse Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe? C'est devenu du bois sans intentions apparentes Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre Elle reste muette Du moins pour les oreilles humaines, Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi. Comme il se contorsionne l'arbre, comme il va dans tous les sens, Tout en restant immobile ! Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route , Il voudrait en faire une espèce d'oiseau bien plus grand que nature Parmi les autres oiseaux Mais lui ne fait pas attention, Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons, Et regarder, pour mieux se taire, Écouter les paroles des hommes et ne

Hugo (Victor) : Ce siècle avait deux ans

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte, Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte, Et du premier consul, déjà, par maint endroit, Le front de l'empereur brisait le masque étroit. Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole, Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ; Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère, Abandonné de tous, excepté de sa mère, Et que son cou ployé comme un frêle roseau Fit faire en même temps sa bière et son berceau. Cet enfant que la vie effaçait de son livre, Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre, C'est moi. - Je vous dirai peut-être quelque jour Quel lait pur, que de soins, que de voeux, que d'amour, Prodigués pour ma vie en naissant condamnée, M'ont fait deux fois l'enfant de ma mère obstinée, Ange qui sur trois fils attachés à ses pas Épandait son amour et ne mesurait pas ! Ô l'amour d'une mère ! amour

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