samedi 9 novembre 2013

Rimbaud (Arthur) : Ariettes oubliées (extraits)

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur?

O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
O le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine.

O triste, triste était mon âme
A cause, à cause d'une femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,

Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme,
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé.

Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
Est-il possible, - le fut-il, -
Ce fier exil, ce triste exil?

Mon âme dit à mon coeur : Sais-je
Moi-même, que nous vaut ce piège
D'être présents bien qu'exilés
Encore que loin en allés ?

Poèmes extraits de ARIETTES OUBLIEES ( III et VII ) 
in ROMANCES SANS PAROLES 

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