(Lucien est un chroniqueur bourru qui a fait les beaux jours de la dernière page d'un magazine qui a connu son heure de gloire. Il réapparaît de temps en temps dans les médias print ou web quand une tendance de culture ou de société l'énerve, notamment s'il y a de la technologie dedans, mais pas seulement.)
Ma théorie d'aujourd'hui sera donc: 1/ avec le temps, le poète a toujours raison mais on s'en fout; 2/ avec le temps, l'homme a souvent tort mais il s'en fout.
La première prémisse ne se discute même pas tellement les exemples sont nombreux.
Le plus célèbre est le fameux vers de Paul Eluard; "La Terre est bleue comme une orange..." publiée en 1929 dans L'amour, la poésie. Et, en 1969, quand Armstrong fait un petit pas sur la Lune et qu'Apollo 11 prend une photo de la Terre, le monde la découvre effectivement ronde comme une orange et toute bleue...
Mais le fait qu'Eluard en ait eu l'intuition 40 ans plus tôt n'a servi à rien, à part de le rendre un peu plus célèbre. Jusqu'en 1969, tout le monde a pris son vers pour une belle image surréaliste, point barre. Ensuite: on a dit : "Ah oui, tiens? C'est amusant !...."
La deuxième prémisse fourmille également d'exemples liés simplement au temps et à l'évolution de la connaissance: avoir raison à une époque, c'est avoir tort un peu plus tard. Les Pyrénées de Pascal, ce n'est pas que l'espace, c'est aussi le temps. Un truc que Descartes n'a jamais saisi.
Ainsi, à l'école, j'ai appris que Gutenberg avait inventé l'imprimerie en 1450. Aujourd'hui, patatras, on sait que ce sont les Chinois ou les Coréens quelques siècles avant (je ne dis ni qui ni quand : j'avais cru il y a 7 ans que c'était le Chinois Bi Sheng au 11e siècle mais depuis on en a sûrement trouvé un créateur plus ancien et plus légitime!) Sans parler du fait que, du coup, ce n'est pas La Bible qui est le plus vieux livre du monde mais Le Sutra du Diamant, un texte bouddhiste sur l'insaisissabilité (868 ap. J.C.). Ca la fout mal pour les chrétiens. C'est comme si on apprenait tout un coup que Mahomet était né avant Jésus ! Tiens, au fait, faudrait peut-être vérifier...
Autre exemple encore plus parlant, si j'ose dire: chaque année, grâce aux découvertes des scientifiques de tout poil qui n'ont rien de mieux à faire que de gratter la terre à plat ventre avec une brosse à dent, on recule un peu plus la date de l'apparition du langage. Et parfois ce recul c'est carrément un grand bond en arrière ! A l'école, j'ai appris comme tout le monde que le langage était né il y a 40 000 ans environ. Et puis, un beau jour, il y a quelques années, des scientifiques ont mis à jour des huttes datant de 2 millions d'années et ont décidé, compte tenu de la complexité de leur agencement, qu'elles ne pouvaient pas avoir été construites sans que les gens de l'époque se soient parlés entre eux... Problème : à cette époque l'homme avait encore une drôle de tronche...
Donc, rien ne sert de courir après la vérité, elle est trop volatile. A chacun sa vérité, de même qu'à chacun sa réalité comme le dit Paul Watzlawick pour qui il n'y a pas de réalité universelle car chacun construit la réalité qui l'arrange et dont il peut se satisfaire. Sous-entendu: si vous avez un problème avec votre réalité, changez-en . C'est pas beau, ça? On dirait du Giono: "Si tu n'as pas de place au soleil, fais du soleil!"
La meilleure démonstration de cette relativité du réel et du vrai, bref de l'existant, c'est de lever la tête la nuit vers les étoiles et les planètes. Comme vous le savez, vous ne pouvez pas voir plus loin que 14 milliards d'années-lumière puisque 14 milliard d'années c'est grosso modo la date du Big Bang et qu'avant, il n'y avait prétendument rien (on laisse tomber le discours: rien, c'est déjà quelque chose, d'accord?). Pas grave, me direz-vous puisque cela vous permet de voir l'univers et son histoire. Eh ben non, pas exactement, parce que depuis 14 milliard d'années, l'univers est en expansion, le bougre, et que, tenez-vous bien, tout le drame est là, sa vitesse d'expansion est supérieure à celle de la lumière. Wikipédia: "Le rayon de l'univers visible est une seconde-lumière plus grand chaque seconde ou de manière équivalente une année-lumière plus grand chaque année". On estime aujourd'hui que l'univers "observable" est de l'ordre de 45 milliards d'années-lumière. C'est donc simple: en levant la tête, on ne peut voir qu'une partie de plus en plus petite d'un univers qui n'est pas vraiment réel puisque non observable ("Esse est percipi", exister c'est être perçu, disait en 1710 l'évêque et philosophe irlandais George Berkeley) mais qui existe quand même en théorie et dans les calculs. Voilà de quoi nous rendre humble.
Vive le mensonge donc, qui nous permettra de ne pas nous prendre trop au sérieux, et peut-être même, qui sait, de rire... (Mais, bon, tout ce que j'ai dit dans cette chronique est vrai... Du moins, je le pense car j'en suis satisfait...)
source image Apollo: http://jmm45.free.fr/articles/docslune/luneapol/luneapol.htm
Ma théorie d'aujourd'hui sera donc: 1/ avec le temps, le poète a toujours raison mais on s'en fout; 2/ avec le temps, l'homme a souvent tort mais il s'en fout.
La première prémisse ne se discute même pas tellement les exemples sont nombreux.
Le plus célèbre est le fameux vers de Paul Eluard; "La Terre est bleue comme une orange..." publiée en 1929 dans L'amour, la poésie. Et, en 1969, quand Armstrong fait un petit pas sur la Lune et qu'Apollo 11 prend une photo de la Terre, le monde la découvre effectivement ronde comme une orange et toute bleue...
Mais le fait qu'Eluard en ait eu l'intuition 40 ans plus tôt n'a servi à rien, à part de le rendre un peu plus célèbre. Jusqu'en 1969, tout le monde a pris son vers pour une belle image surréaliste, point barre. Ensuite: on a dit : "Ah oui, tiens? C'est amusant !...."
La deuxième prémisse fourmille également d'exemples liés simplement au temps et à l'évolution de la connaissance: avoir raison à une époque, c'est avoir tort un peu plus tard. Les Pyrénées de Pascal, ce n'est pas que l'espace, c'est aussi le temps. Un truc que Descartes n'a jamais saisi.
Ainsi, à l'école, j'ai appris que Gutenberg avait inventé l'imprimerie en 1450. Aujourd'hui, patatras, on sait que ce sont les Chinois ou les Coréens quelques siècles avant (je ne dis ni qui ni quand : j'avais cru il y a 7 ans que c'était le Chinois Bi Sheng au 11e siècle mais depuis on en a sûrement trouvé un créateur plus ancien et plus légitime!) Sans parler du fait que, du coup, ce n'est pas La Bible qui est le plus vieux livre du monde mais Le Sutra du Diamant, un texte bouddhiste sur l'insaisissabilité (868 ap. J.C.). Ca la fout mal pour les chrétiens. C'est comme si on apprenait tout un coup que Mahomet était né avant Jésus ! Tiens, au fait, faudrait peut-être vérifier...
Autre exemple encore plus parlant, si j'ose dire: chaque année, grâce aux découvertes des scientifiques de tout poil qui n'ont rien de mieux à faire que de gratter la terre à plat ventre avec une brosse à dent, on recule un peu plus la date de l'apparition du langage. Et parfois ce recul c'est carrément un grand bond en arrière ! A l'école, j'ai appris comme tout le monde que le langage était né il y a 40 000 ans environ. Et puis, un beau jour, il y a quelques années, des scientifiques ont mis à jour des huttes datant de 2 millions d'années et ont décidé, compte tenu de la complexité de leur agencement, qu'elles ne pouvaient pas avoir été construites sans que les gens de l'époque se soient parlés entre eux... Problème : à cette époque l'homme avait encore une drôle de tronche...
Donc, rien ne sert de courir après la vérité, elle est trop volatile. A chacun sa vérité, de même qu'à chacun sa réalité comme le dit Paul Watzlawick pour qui il n'y a pas de réalité universelle car chacun construit la réalité qui l'arrange et dont il peut se satisfaire. Sous-entendu: si vous avez un problème avec votre réalité, changez-en . C'est pas beau, ça? On dirait du Giono: "Si tu n'as pas de place au soleil, fais du soleil!"
La meilleure démonstration de cette relativité du réel et du vrai, bref de l'existant, c'est de lever la tête la nuit vers les étoiles et les planètes. Comme vous le savez, vous ne pouvez pas voir plus loin que 14 milliards d'années-lumière puisque 14 milliard d'années c'est grosso modo la date du Big Bang et qu'avant, il n'y avait prétendument rien (on laisse tomber le discours: rien, c'est déjà quelque chose, d'accord?). Pas grave, me direz-vous puisque cela vous permet de voir l'univers et son histoire. Eh ben non, pas exactement, parce que depuis 14 milliard d'années, l'univers est en expansion, le bougre, et que, tenez-vous bien, tout le drame est là, sa vitesse d'expansion est supérieure à celle de la lumière. Wikipédia: "Le rayon de l'univers visible est une seconde-lumière plus grand chaque seconde ou de manière équivalente une année-lumière plus grand chaque année". On estime aujourd'hui que l'univers "observable" est de l'ordre de 45 milliards d'années-lumière. C'est donc simple: en levant la tête, on ne peut voir qu'une partie de plus en plus petite d'un univers qui n'est pas vraiment réel puisque non observable ("Esse est percipi", exister c'est être perçu, disait en 1710 l'évêque et philosophe irlandais George Berkeley) mais qui existe quand même en théorie et dans les calculs. Voilà de quoi nous rendre humble.
Vive le mensonge donc, qui nous permettra de ne pas nous prendre trop au sérieux, et peut-être même, qui sait, de rire... (Mais, bon, tout ce que j'ai dit dans cette chronique est vrai... Du moins, je le pense car j'en suis satisfait...)
source image Apollo: http://jmm45.free.fr/articles/docslune/luneapol/luneapol.htm
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