jeudi 27 novembre 2014

Vous allez mal? Pratiquez vous-même la thérapie brève !

Turbulences, par Ivan K. Ayvazovsky
Quand vous allez mal depuis un certain temps, sans très bien savoir pourquoi, par exemple vous n’avez plus envie de faire des choses que vous faisiez avec plaisir avant, vous avez le choix entre aller voir un médecin qui vous prescrit du Prozac parce que cela le rassure et/ou aller voir un psy qui va vous coucher sur un divan pendant des années. Comme vous êtes cultivé et intelligent, vous savez que le Prozac débloque la sérotonine qui est le fameux neurotransmetteur qui permet à vos neurones de communiquer joyeusement. C’est énervant mais c’est comme cela : les gens positifs et gais libèrent plus de sérotonine que les autres. Vous savez aussi qu’on dit que c’est un anti-dépresseur donc si vous n’êtes pas sûr d’être déprimé, vous vous dites que ça ne marchera pas. Quant au divan, il n’est pas très rassurant ni rapide.
Alors que faire ? Il y a une solution : la thérapie brève.
C’est une pratique de psychothérapie, issue de l’école de Palo Alto, qui a décidé de prendre le contrepied de la démarche freudienne, basée sur la linéarité de la cause et de l’effet. Ses praticiens n’iront donc pas fouiller dans votre passé ni votre inconscient mais vous aideront à mettre à jour votre problème et à trouver vous-même une solution. C’est aussi simple que cela, cela se fait en quelques séances seulement et ça marche. Le seul regret qu’on peut avoir, c’est qu’on ne sait pas forcément pourquoi ça marche… Mais, en fait, on s’en fout, tellement on est content !
Alors, pour ceux qui veulent pratiquer eux-mêmes cette thérapie brève, je vous donne les conseils que j’ai pu en retirer auprès de certains praticiens avec qui j’ai pu discuter. Il s’agit donc de ma vision perso, sans prétention aucune d’universalité puisque je ne suis pas thérapeute.
Si vous suivez ces quelques conseils, vous pourrez trouver peut-être votre propre solution à votre problème sans forcément payer 100 euros à chaque visite. En tout cas, ça ne vous coûtera pas cher d’essayer.
1/ Adhérer : avant de commencer, il faut être d’accord avec les concepts de base de la thérapie brève qui peuvent se résumer en quelques points :
-  il n’y a pas de relation directe entre la  cause et l’effet : ce n’est pas parce que vous n’avez mal tété votre mère que vous êtes obèse ;
- il n’y a pas de réalité unique, chacun construit sa propre réalité et si cette réalité vous dérange, l’objectif est de construire une réalité qui vous satisfasse ;
- l’homme est d’abord un être relationnel et s’il a un problème qui dure, c’est dans cette relation qu’il faut le chercher et non au fond de lui-même. On peut lire si on veut La réalité de la réalité, de Paul Watzlawick qui est un petit livre, facile à lire, très bien écrit.  Ou encore L’homme relationnel, de Jean-Jacques Wittezaele. La culture chinoise et le taoïsme sont aussi des éléments culturels favorables. En ce sens qu’ils réfutent Descartes et sa séparation de la matière et de l’esprit et prônent la fusion de l’homme et de la nature.
- Il ne s’agit pas de réfuter Freud : ce qui est à prendre chez lui c’est sa vision mais il n’y a aucun rapport obligatoire entre cette vision et la forme de thérapie qu’il a choisie.
- Il faut admettre que, contrairement aux psychanalystes , les praticiens de la thérapie brève utilisent une forme de manipulation et vous le disent. Certains utilisent même l’hypnose. Un rapport de confiance doit donc s’établir.
2/ Refuser les étiquettes : l’étiquette crée l’état et le comportement; si on vous dit que vous êtes déprimé et surtout si on vous prescrit du Prozac, alors vous allez effectivement vous conduire comme un dépressif. De même certaines crises de paranoïa n’en sont pas : si on vous dit que vous êtes paranoïaque, vous allez commencer à vous méfier de tout le monde et, alors, les autres vont trouver que vous êtes bizarre. Donc le problème n’est pas de savoir si vous êtes déprimé ou paranoïaque, mais de pouvoir définir quel est votre problème et de trouver comment le résoudre.
3/ Stoppez immédiatement vos tentatives de solution : en général, quand on va voir un psy, c’est qu’on n’arrive pas à résoudre son problème malgré de nombreux efforts et cet insuccès vous désespère; donc si vous êtes boulimique, arrêtez les régimes ; la boulimie, c’est comme la libido et le sommeil, ça ne se commande pas par la volonté. Quel que soit votre problème, arrêtez d’essayer de la résoudre comme vous le faisiez. Pourquoi ? Tout simplement parce que ça ne marche pas.
4/ Arrêtez de penser aux choses qui vous angoissent ou vous stressent : en fait, on est en permanence assailli par des idées négatives, porteuses d’angoisse ou de stress ; elles peuvent concerner l’avenir, la santé, les enfants, les parents, la carrière, le travail, le rapport aux autres. Eh bien, pendant un certain temps, vous allez décider de ne plus penser à tout ça ! C’est aussi simple que cela, c’est très facile à faire, contrairement à ce qu’on imagine. Et ça fait tout de suite un bien fou.
5/ Stoppez les rituels, ou changez-les ou créez-en d’autres : cela concerne particulièrement les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) ; par exemple si vous avez l’habitude d’essuyer 3 fois une poignée de porte avant de la saisir, faites-le systématiquement 6 fois et peut-être qu’au bout d’un moment vous trouverez cela fatigant puis inutile ; la réussite la plus connue en thérapie brève est celle de cet agoraphobe qui allait très bien par ailleurs sauf qu’il ne pouvait plus mettre le nez dehors sous peine de graves malaises; son thérapeute lui demande de faire un exercice devant lui : levez-vous et faites une pirouette sur vous-même, un tour complet; allez à la porte et faites une pirouette, sortez dans le couloir, pirouette ; appelez l’ascenseur, pirouette ; dans le hall, en bas, pirouette ; franchissez la porte, pirouette ; allez au kiosque à journaux, faites une pirouette et revenez de la même façon. Le patient éxécuta fidèlement la consigne et fut très surpris de se retrouver dehors pour la première fois depuis 2 ans.
6/ Chaque matin, dès le réveil, pensez à trois petites activités agréables, précises, détaillées que vous feriez si « vous alliez bien » : lire tel livre, faire tels gestes de gymnastique, aller à tel endroit, etc. Notez-les sur un bout de papier et faites cet exercice pendant 15 jours. Au bout d’un moment, vous vous apercevrez que vous réalisez sans effort et avec plaisir certaines de ces activités et cela changera votre état d’esprit. C’est ce type de décalage (comme le changement de rituel) qui est symptomatique de la thérapie brève et qui peut s’apparenter à de la manipulation. Il suffit d’en être conscient et de l’accepter.
7/ Arrêtez de vous culpabiliser : il faut supprimer le fameux sentiment d’indignité car il est totalement inutile ou néfaste ; vous êtes ce que vous êtes, avec vos qualités et vos défauts ; un psychiatre à la première visite de son patient qui se plaignait de son manque de volonté lui a délivré un « certificat » : « Le docteur XXX certifie que monsieur YYY n’est ni mou ni paresseux. »
8/ Arrêtez de vous plaindre : encore un rituel qu’on peut stopper et c’est beaucoup plus facile qu’on ne l’imagine ; il suffit de comprendre que 1/ cela ne sert à rien et ne résout rien ; 2/ cela emmerde considérablement les autres. Donc, que du négatif en interne et en externe. Donc, stoppez immédiatement cette attitude auprès de vos proches, vos enfants, votre conjoint. Vous allez ravaler vos envies de plaintes mais en suivant les autres consignes, vous allez vite les oublier.
Voilà, commencez par suivre ces 8 conseils et peut-être alors vous vous sentirez déjà beaucoup mieux.

1 commentaire:

  1. Waouh ! Cela a l'air simple effectivement en vous lisant. Mais les psychanalystes vous diront que vous ne faites que déplacer le symptôme sans résoudre le fond du problème... Eternel débat...

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