Ce
livre est un coup de poing.
Ils étaient des milliers dans la Cite Impériale, castrés par force ou pour l'argent, vendus par leurs parents ou enlevés par des sbires. Esclaves accroupis ou debouts pendant des heures devant leurs maîtres, silencieux, décapités pour un oui, pour un non. Et pour quelques-uns qui furent de véritables puissants, les autres restèrent sans argent et sans avenir. Ils devaient même racheter aux castrateurs officiels de la cour leurs attributs perdus,...
Mémoires d'un eunuque dans la Cité interdite.
... pour les enterrer dignement, selon une cérémonie codée - et payante
bien sûr - et espérer ainsi pouvoir renaître entier. Cela se passait
encore non pas il y a quelques siècles mais en 1900, à Pékin!...
L'opération de "purification" notamment est décrite dans le détail avec
sa fameuse recette de l'anesthésie par l'oeuf: après avoir attaché le
patient bien serré, vous prenez un oeuf dur pas trop dur et bien
écaillé, vous demandez au patient s'il est bien certain de vouloir être
purifié, il ouvre la bouche pour crier "Non!" et hop vous lui fourrez
l'oeuf dans la bouche bien au fond et vous l'empêchez de le recracher.
Au bout d'un moment, le patient s'étouffe et tombe dans les pommes:
vous pouvez opérer tranquillement. L'oeuf s'amollissant naturellement
au fur et à mesure, il finit par être avalé et le patient se réveille
avec quelques bonnes claques.
Un document choc. Car s'il est présenté comme un roman, le livre est
tiré de textes réels écrits par l'un de ces eunuques; il a été romancé
ensuite par un historien chinois, Dan Shi qui y mis de l'eau de rose.
Mais la traductrice française, Nadine Perront, de manière étonnamment
autoritaire, a volontairement réduit ces passages sentimentaux
larmoyants pour revenir le plus près possible du texte original. Le
résultat est terrifiant d'efficacité.
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