vendredi 4 juillet 2008

Design et fonctions : dilemmes et paradoxes de la high-tech

Un article de Jacques Eltabet
Le "mock-up" d’un portable du futur est constitué de 2 écrans dont l’un sert de clavier sensitif.
Constat : la techno existe.
Problème, il n’y pas pour l’instant de solution esthétique, radicale et viable pour les articuler et en faire un produit attrayant, que ce soit via charnières, glissières, radio...
Proposer un PC à processeur quadri-cœurs dans un boîtier noir qui se veut « design » avec un système d’exploitation universellement reconnu comme lent est, pour rester soft,  plutôt une aberration et reste significatif de l’âpreté des constructeurs à toujours maximiser le prix payé par l’utilisateur à l’achat ?
Un article récent de Max Baron constate que la puissance de calcul et la capacité de stockage peuvent maintenant s’échapper du boîtier du PC pour former un exosquelette articulé par des bandes passantes diverses : USB 3, Ethernet 10G, WiMax, 4G, Firewire S3200, UWB.
Il stigmatise explicitement un des principaux déséquilibres du PC: une électronique embarquée dans un boîtier avec par dessus des applications bureautiques et multimédias non choisies et développées sans tenir compte des performances et des faiblesses de l’électronique sous-jacente.
Résultat, un cocktail hétéroclite et implosif, puisque beaucoup s’interrogent sur l’opportunité à mettre 1 000 euros dans un PC.
Voici 3 exemples de la distorsion entre fonction et design.

Les objectifs fonctionnels devraient gouverner la conception d’un
nouveau produit, encore faudrait-il s’entendre sur les thèmes nouveau
et produit. Qui a intérêt à délaisser le fonctionnel  au profit
d’objectifs seulement esthétiques? Le travail sur les dimensions, les
formes, les matériaux et les couleurs envahissent tout le domaine
perceptif. Bien beau quand  il s’applique encore au produit. Dans de
nombreux cas, seul le packaging au sens large (le lieu de vente en fait
partie) est ultra abouti. Ne dit-on pas que le coût total d’un
packaging rempli d’air tiède, acheminé et scénarisé sur un lieu de
vente (corner) serait peu différent de celui avec un vrai produit
dedans. Les compromis à faire entre l’océan de fonctions qu’amène le
numérique et les idées de design sont éminemment compliqués. Il
n’existe pas de solution à un problème avec autant d’équations. 
Trois opérateurs quasi  mathématiques sont manipulés par les apprentis
sorciers de la conception pour éviter de partir d’une feuille blanche.
L’opérateur: Somme. L’utilisation de composants pré fabriqués et
pré-designés provoque certes une surcharge de fonctions mais, limite
l’efficacité du design global.  Le design résultant est loin de la
somme des designs des parties. Il y a de la masse manquante dans le
design global.
L’opérateur: Repiquage de Solution Existante. Il fournit rapidement le
contexte utile pour identifier les critères de décision des acheteurs.
Mais cela évite de se poser les vraies questions d’où émergent de
vraies innovations.
L’opérateur: Analogie. On applique des solutions qui ont marché
ailleurs à un nouveau domaine. Difficile aussi de tout laisser entre
les mains de la "serendipité". Jean-Louis Swiners, consultant, parle de
flexibilité mentale « à reconnaître immédiatement que ce qu'on a trouvé
a plus d'importance que ce qu'on cherchait et à abandonner son ancien
objet de recherche pour se consacrer au nouveau ». Le résultat est
alors aléatoire et la cohérence à construire. Pas besoin de cherche des
exemples.
PS: « Plus aucun produit n’est conçu à partir de zéro », devient un
postulat assez vérifiable. Un autre s’impose: Le couplage du monde des
idées avec celui du monde réel reste un couplage faible. Qu’on se le
dise.
Sources: Max Baron Senior Editor, Microprocessor Report & Principal Analyst
ASPECTUALIZE AND CONQUER IN ARCHITECTURAL DESIGN SVEN BERTEL, CHRISTIAN
FREKSA Universität Bremen & GEORG VRACHLIOTIS Swiss Federal
Institute of Technology
-- source photo Compenion --

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire