mardi 5 avril 2005

La mort d’André Truong Trong Thi, père du « concept du 1er micro-ordinateur au monde »

Il vient de mourir , vendredi 1er avril au soir, dans sa 69e année, « après deux années et demi d’hospitalisation consécutive à une erreur médicale » dit le communiqué de presse.
Jusqu’à la fin, jusqu’à sa fin dernière, il aura donc été au centre d’erreurs et de polémiques, la plus célèbre et la plus longue étant celle de la paternité disputée de ce fameux Micral N, livré à l’Inra en janvier 1973 et commercialisé en avril 1973 au prix de 8 500 francs (6 500 euros d’aujourd’hui).
François Gernelle, l’ingénieur, l’inventeur « officiel » après un jugement rendu en 1998, dont je n’ai pas eu le temps ni le courage de trouver la trace, et André Truong, le patron, ne se parlaient donc plus depuis des années et ils ne se parleront plus.

Je les connais tous les deux, je n’ai donc pas envie de relancer la polémique qui explique les guillemets dans le titre. Ceux que cela intéresse n’ont qu’à fouiller dans le web, il est là pour ça. Je leur conseille néanmoins d’avancer à petit pas, de tout vérifier à chaque étape. Commencer par retrouver ce fameux jugement, que j’ai vu attribué ici au Tribunal de Versailles, là au Tribunal de Paris. Un avocat en général bien informé sur l’informatique m’a dit qu’il ne me dirait rien !
Ce qui est certain, c’est qu’ils n’auront fait fortune ni l’un ni l’autre, faute de protections juridiques suffisantes et d’appétit financier chez les deux hommes. A l’époque le monde high tech n’était pas encore judiciarisé comme maintenant.
Ce qui est certain, c’est que même les Américains admettent que le Micral N est le premier micro-ordinateur au monde commercialisé « non en kit ».
Ce qui est certain, c’est que l’appareil a été conçu par R2E en 1972 dans le cadre d’une commande de l’Inra (Institut National de la Recherche Agronomique) concernant l’élaboration d’un système de mesure de l’évaporation des sols par la méthode dite du bilan d’énergie. L’Inra n’avait pas les moyens de s’offrir un PDP 8 de la société DEC (Digital Equipment Corporation), existant sur le marché depuis 1965. Et R2E a voulu lui faire une machine aussi puissante mais bien moins chère !
Ce qui est certain ce sont ses particularités, qui peuvent vous amuser, car le Micral N possédait déjà de nombreuses caractéristiques des futurs PC, comme le bus système et les slots d’extension. Le premier
modèle était construit autour du microprocesseur Intel 8008, organisé autour d’un bus, muni d'une mémoire MOS, de cartes E/S série et parallèle, d'un système temps réel, tournant à 500 KHz, effectuant environ 50 kilo-opérations/sec. Il avait 256 octets de mémoire Ram, extensible à 2k avec des mémoires Rom et Prom. Il était capable d’adresser directement 16K de données. Il avait une horloge temps réel, huit niveaux de priorités d’interruption, 52 instructions avec un temps de cycle de 7,5 à 27,5 microsecondes, et comme périphériques un télétype et un magnétophone à cassette. Voilà.
Au fait, j’aimais bien André Truong…

4 commentaires:

  1. Je l'avais rencontré une première fois au tout début des années 80. A cette époque on essayait d'introduire le PC qui venait juste d'apparaître dans le monde industriel. C'était un homme réservé, fin et fort plaisant.
    Salut l'artiste.
    Alain Fernandez

    RépondreSupprimer
  2. TRAN Thi Hanh4/15/2005 9:31 PM

    Cette annonce m'a bouleversé d'autant plus qu'il n'aura au final toujours pas pu prouver la paternité de son invention. C'est avec regret que nous perdons un homme de son envergure. Reposez-vous en paix, le monde ne vous oubliera pas.

    RépondreSupprimer
  3. Bravo à l'artiste.
    Mais je trouve regrettable que les dirigeants
    de Bull n'aient pas accepté son idée de PC.
    Pourquoi ce refus ?????????
    bon sang quelle erreur !!!!!!

    RépondreSupprimer
  4. Je l'ai connu au début des années 80.
    Il était consultant informatique notamment pour l'industrie bancaire et animait la société MBM qui vendait des micro-ordinateurs IBM aux collectivités locales...
    Je crois savoir que MBM avait finalement déposé le bilan, faute de règlements ponctuels des Mairies.

    RépondreSupprimer