[chronique publiée dans 01 DSI n° 2]
Mais, c’est incroyable, comment savent-ils que j’ai un tout petit zizi ? Même ma femme, après 20 ans, ne s’en est pas encore rendue compte. Eux sont aux petits soins pour mon pénis si clean. Tous les jours sur ma messagerie obèse, ils me proposent de me l’agrandir, dans toutes les directions et de différentes façons (vous avez remarqué, le remède est toujours en anglais, les Français n’osent pas aborder ce genre de sujet ça doit être pour ça). Les coquins, comment ont-ils pu découvrir que je suis le plus mauvais amant du monde et que j’ai parfois, rarement mais parfois quand même, des - petits, pas énormes - problèmes d’érection ?
Je ne compte pas le nombre de propositions qui m’assaillent pour une vente discrète (et toujours en anglais) de Viagra multicolores.
Ce n’est pas tout, ils savent, les futés, que je cherche en permanence les prêts aux meilleurs taux sur toute la surface bancaire de la terre, car ils m’en proposent de très alléchants. Les premières offres japonaises commencent à débarquer sur le net et elles avoisinent le taux zéro : ce sera difficile de faire mieux.
Mon âme se pâme devant le spam, c’est beau, j’en veux encore, j’en redemande. Tous ces messagers virtuels précèdent mes désirs, ils lisent en moi comme sur un écran ouvert, ils devinent ma nature complexe de poète high tech sexuellement obsédé.
L’autre jour, d’après ma banque, il y en a même un qui avait trouvé avant moi le numéro de ma nouvelle carte de crédit : c’est pas formidable, ça !
Le côté technoïde, n’en parlons pas, dès qu’un truc bizarre sort, par exemple une montre - caméra - GPS - GPRS - tensiomètre - podomètre - infrarouge - bluetooth qui fait aussi tournevis et cafetière électrique, il est pour moi, je n’ai qu’à cliquer, on me le prête en shareware, on me le donne en freeware, on me supplie de le prendre tellement je suis important pour eux. Je suis aware ! Tant d’attention m’enivre, ma tension monte, mon œil s’allume, mon cœur s’enflamme. Grâce à eux, ces porte-voix digitaux des rêves les plus fous, tout est possible, maintenant, tout de suite.
Evidemment, l’autre jour, quelqu’un, un furtif, un concurrent, un malfaisant, m’a dit qu’il était gâté comme moi. Mais je ne l’ai pas cru, le médisant, je sais bien que je suis le seul objet possible de l’attraction universelle. D’ailleurs, ça s’appelle du one to one, vous voyez bien ! The One c’est moi, y’a pas de clone qui vaille.
Dans cette épicerie géante à portée de souris, je n’ai qu’à, d’un geste hautain et négligent, tel César avec son pouce dans l’arêne des plaisirs populaires, désigner les heureux élus de mon choix, bidules et pilules en tout genre qui vont remplir ma vie, qui vont la transcender en un miracle permanent, un paradis de substances licites convoquées sur l’autel géant du web de toutes mes envies.
Je veux qu’on me spame encore et encore, à cœur et à corps. Spammeurs de tous les pays, unissez-vous et n’utilisez plus qu’un seul destinataire, moi ! (s’il vous plaît, écrivez bien mon adresse : lespameureu@gpafiniderever.org)
Mais, c’est incroyable, comment savent-ils que j’ai un tout petit zizi ? Même ma femme, après 20 ans, ne s’en est pas encore rendue compte. Eux sont aux petits soins pour mon pénis si clean. Tous les jours sur ma messagerie obèse, ils me proposent de me l’agrandir, dans toutes les directions et de différentes façons (vous avez remarqué, le remède est toujours en anglais, les Français n’osent pas aborder ce genre de sujet ça doit être pour ça). Les coquins, comment ont-ils pu découvrir que je suis le plus mauvais amant du monde et que j’ai parfois, rarement mais parfois quand même, des - petits, pas énormes - problèmes d’érection ?
« La perfection des moyens et la confusion des buts semblent caractériser notre époque. » Albert Einstein |
Je ne compte pas le nombre de propositions qui m’assaillent pour une vente discrète (et toujours en anglais) de Viagra multicolores.
Ce n’est pas tout, ils savent, les futés, que je cherche en permanence les prêts aux meilleurs taux sur toute la surface bancaire de la terre, car ils m’en proposent de très alléchants. Les premières offres japonaises commencent à débarquer sur le net et elles avoisinent le taux zéro : ce sera difficile de faire mieux.
Mon âme se pâme devant le spam, c’est beau, j’en veux encore, j’en redemande. Tous ces messagers virtuels précèdent mes désirs, ils lisent en moi comme sur un écran ouvert, ils devinent ma nature complexe de poète high tech sexuellement obsédé.
L’autre jour, d’après ma banque, il y en a même un qui avait trouvé avant moi le numéro de ma nouvelle carte de crédit : c’est pas formidable, ça !
Le côté technoïde, n’en parlons pas, dès qu’un truc bizarre sort, par exemple une montre - caméra - GPS - GPRS - tensiomètre - podomètre - infrarouge - bluetooth qui fait aussi tournevis et cafetière électrique, il est pour moi, je n’ai qu’à cliquer, on me le prête en shareware, on me le donne en freeware, on me supplie de le prendre tellement je suis important pour eux. Je suis aware ! Tant d’attention m’enivre, ma tension monte, mon œil s’allume, mon cœur s’enflamme. Grâce à eux, ces porte-voix digitaux des rêves les plus fous, tout est possible, maintenant, tout de suite.
Evidemment, l’autre jour, quelqu’un, un furtif, un concurrent, un malfaisant, m’a dit qu’il était gâté comme moi. Mais je ne l’ai pas cru, le médisant, je sais bien que je suis le seul objet possible de l’attraction universelle. D’ailleurs, ça s’appelle du one to one, vous voyez bien ! The One c’est moi, y’a pas de clone qui vaille.
Dans cette épicerie géante à portée de souris, je n’ai qu’à, d’un geste hautain et négligent, tel César avec son pouce dans l’arêne des plaisirs populaires, désigner les heureux élus de mon choix, bidules et pilules en tout genre qui vont remplir ma vie, qui vont la transcender en un miracle permanent, un paradis de substances licites convoquées sur l’autel géant du web de toutes mes envies.
Je veux qu’on me spame encore et encore, à cœur et à corps. Spammeurs de tous les pays, unissez-vous et n’utilisez plus qu’un seul destinataire, moi ! (s’il vous plaît, écrivez bien mon adresse : lespameureu@gpafiniderever.org)
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